Edito
Le cours post-démocratiqueManuel Valls n’est jamais le dernier pour réduire la démocratie à l’acquiescement à la pensée unique. Dernière sortie en date le 12 novembre quand, invité de Public-Sénat, le Premier Ministre a poussé sa logique jusqu’à considérer que la question de la fusion des listes PS et LR « se posera […] au soir du premier tour » et qu’écarter cette « hypothèse » revenait à « mentir aux Français ». En faisant cela, Manuel Valls ne se contente pas de nourrir le vote Front National pour minimiser une victoire supposée de la droite et chercher à atténuer ainsi l’image du désastre à venir pour le parti socialiste et son gouvernement. Il poursuit parallèlement sa quête visant s’affranchir du vote des citoyen-ne-s pour imposer le règne d’une politique commune confiée aux soins d’une gouvernance oligarchique. Car dès lors que droite et PS fusionneraient au second tour, le tronc commun des politiques qu’ils mettent en œuvre aujourd’hui en alternance deviendrait la matrice d’un tout hégémonique qui ne saurait plus souffrir la contradiction. Le premier tour lui-même n’aurait plus d’autre utilité que de faire valider par des électeurs potiches l’agrément au consensus au centre. On y entrerait un coup par la droite, un coup par la gauche, et toute tentative d’alternative serait rejetée aux marges. La déshérence gagne aussi chez les élu-e-sLes élu-e-s sont des gens qui s’engagent. A priori pour l’intérêt de nos concitoyens et pour apporter des réponses au quotidien, même si la multiplication des comportements non conformes à la vertu républicaine fait grandir la défiance à l’encontre de tous. Cette mise à disposition de sa personne au sein du cadre institutionnel républicain se double souvent d’un engagement intellectuel, philosophique et idéologique dans un parti politique pour construire et faire vivre collectivement une pensée et un idéal. Les association d’élu-e-s jouent un rôle complémentaire et permettent d’agréger dans un cadre commun ces différents positionnements Hors voilà. L’effondrement démocratique qui se manifeste dans le peuple ne laisse plus même à l’abri ses représentants. Les élu-e-s sont confrontés au quotidien au hiatus entre d’un côté le discours de celles et ceux qui sont sensés fonder leur appartenance à un cadre partidaire et d’un autre la réalité matérielle à laquelle ils sont confrontés sur leurs territoires et qui bat en brèche les parole prononcées par les précédents. Baisse des dotations aux collectivités : la corde du penduL’Association des maires de France (AMF) appelle à une journée d’action le 19 septembre prochain contre la baisse des dotations budgétaires aux collectivités. De fait, d’ici à 2017, ce sont 28 Mds d’euros qui feront défaut aux politiques publiques portées au plus près des habitant-e-s sur les territoires. Pour sa part, la Gauche par l’exemple continuera à cette occasion à se mobiliser sur ses bases contre ces coupes claires. Car les mêmes qui à l’AMF appellent à lutter contre la baisse des dotations sont aussi les premiers à jouer du garrot de la dette pour étrangler le peuple. Nous ne sommes pour notre part pas dupes du fait que la saignée dans les dotations est avant tout une agression du pouvoir contre la démocratie. L’étranglement financier est la corde passée au cou des collectivités pour les obliger à se regrouper. Ce n’est ainsi pas un hasard si le bloc communal est le premier visé. Il va subir en 2015 une baisse de dotations de 2,1 Mds d’euros soit 56% des restrictions imposées. Entre 2013 et 2107, les communes auront ainsi à faire face à un manque à gagner de 16 Mds d’euros ! La loi NOTRe contre notre FRANCELe 16 juillet, le Parlement a définitivement adopté la loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe). C’est donc au cœur de l’été qu’inamovibles sénateurs et serviles députés ont conclu un nouvel accord d’alcôve en commission mixte paritaire (CMP) pour sceller le sort de l’organisation administrative et donc politique de notre pays. Les désaccords de la droite et de la gauche gouvernementale n’étaient donc que de façade. Il ne faudra pas compter demain ni sur les uns, ni sur les autres pour défaire le pacte qu’ils ont scellé en commun. Il y aurait beaucoup à dire sur cette France démembrée au profit de méga-régions dessinées pour se livrer au jeu funeste de la concurrence libre et non faussée à l’échelle européenne. |
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