Des Métropoles ? Est-ce bien utile ?

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Le regroupement de collectivités locales pour en faire des ensembles de très grandes tailles géographiques est à la mode. Loin de moi l'idée de critiquer les mutualisations de moyens et les coopérations sur des projets ; président d'une communauté d'agglomération, j'en connais tout l'intérêt. Encore faut-il savoir pourquoi cette volonté farouche de faire des Métropoles. Qu'est-ce qui guide le législateur dans ce sens et les élus locaux qui s'y engouffrent à toute vitesse ?

Le 1er argument que j'entends souvent est «nous devons avoir une taille pertinente pour être compétitif au niveau européen». Ça commence bien. Les territoires sont donc en compétition, les collectivités locales aussi, le service public doit se faire une guerre économique qui n'a pas de sens. Une telle vision entérine l'inégalité entre territoires et par conséquent entre citoyens de différentes régions. Ce n'est pas notre vision du monde, c'est encore moins notre vision de ce que doit être notre République une et indivisible.

La taille très importante de collectivités locales représente aussi des marchés considérables pour les entreprises. Transports, BTP, voiries, espaces verts, crèches, gaz, eau,... Tout ceci aiguise l'appétit des acteurs privés prêts à dévorer ces prés carrés du service public. Lorsque nous avons à faire à des élus locaux qui déjà, dans leur mairie, dans leur agglo, privatisent à tout vent, nous voyons l'opportunité que représenteraient ces immenses marchés ouverts que constituent les Métropoles. Celles-ci pourront exercer toutes les compétences des communes, des agglomérations, des Départements, des Régions et même celles de l'État. C'est dire l'immense profit que pourraient en tirer les acteurs privés. Partout ? Non ! Car ces Métropoles se feraient sur la base du volontariat. Ici, non, ici une riche, ici une pauvre... Encore un coup porté à l'unité et à l'égalité républicaine.

Et ce serait d'autant plus aisé que ce gigantisme éloigne considérablement le citoyen de la décision. L'histoire de notre pays, tout à fait spécifique, c'est le nombre de communes. Et nos communes ont participé de la construction de notre patrie républicaine. Lieux de résistance, lieux de débats, lieux de participation et d'implication citoyenne, ces collectivités ont joué un rôle majeur dans la construction de la citoyenneté française. Vouloir en supprimer, vouloir les regrouper, vouloir les déposséder de compétences, c'est en réalité déposséder les citoyens de cette capacité à participer à la prise de décisions.

Mais c'est aussi comment on s'y prend et pourquoi faire qui nous intéresse ? Si je prends l'exemple du Grand Lyon, alors oui je me méfie. De la part d'un élu qui privilégie sans cesse les privatisations au détriment de la gestion publique, c'est forcément inquiétant. Et pour l'instant, le projet du Grand Lyon échappe complètement à la décision citoyenne. Alors s'il s'agit d'impliquer les citoyens dans les démarches de constitution d'une très grande agglomération, s'il s'agit de créer un service public local d'une envergure telle qu'il concurrence efficacement le secteur privé pour gérer ses transports, son eau, son chauffage, son habitat, de faire une planification écologique d'ampleur, de maîtriser son développement économique pour créer de l'emploi, si c'est pour densifier la ville à une échelle pertinente. Alors pas besoin de métropoles, l'intercommunalité sur la base de projet partagé c'est déjà possible sans faire ça.

Je ne veux faire ici aucun procès d'intention. Je me réfère seulement à ce qui a été fait avant et par qui. Et j'en tire les enseignements.